Photo-mystère rémoise… pendant la première guerre.

Par Laurent Antoine

Paru sur le blog d’Amicarte 51, le 29 octobre 2015

Sur cette photo : une maison en partie détruite après avoir reçu un obus de très gros calibre. Hélas, pas de légende, et à la seule vue de ce trou, il était un peu difficile de situer cette maison, surtout si depuis, comme il est probable, cette maison ait été complètement rasée, et reconstruite après guerre, dans un état forcément un peu, ou beaucoup, différent.

Voilà ci-dessous cette Carte-Photo :

Ce ne sont ni les étais, ni les quelques morceaux de murs encore « debouts », qui nous serons d’une quelconque aide… il fallait donc trouver d’autres photos cadrées un peu plus larges si possible, ou légendées. Encore une fois, c’est la carte postale qui nous est venue en aide. Heureusement, la guerre a été gourmande en cartes postales, et ce sont des milliers de clichés différents qui ont été fait  de ces destructions, pendant toute la durée de la guerre… et après.

Il en existe certainement plus, mais j’ai pu retrouver deux autres cartes postales. Celle ci-dessous, est un cliché Léon Doucet, édité par Jules Matot, légendée Campagne de 1914- Bombardement de Reims. On constate donc que cet obus à perforé la maison, dès les premiers combats et bombardements. Prise avec un autre angle, on découvre le trou béant, et le peu qui reste de l’intérieur.

Encore une autre carte postale, une vue similaire mais encore plus large, de l’éditeur ELD. Encore une fois, la légende ne nous apprend rien… 1914… REIMS – Dégâts causés par un seul obus de pièce lourde (on en doute pas le moins du monde).

Par chance, cette photo cadrée un peu plus large nous permet de voir un peu le proche environnement, la maison de droite fait penser à une maison du centre ville… ça permet de resserrer un peu les recherches, même si le secteur est quand même assez vaste.
Mais finalement, les recherches ont été couronnées de succès… et j’ai enfin pu situer cette rue. Cette maison détruite se trouve au 5 de la Rue de Charleville !
Pièce supplémentaire dans le cadre de ces recherches, la rue a changé de nom en 1949, c’est aujourd’hui la Rue du Docteur Pozzi, entre la Rue Albert Réville et la Rue du Temple, non loin des Halles et du Boulingrin.

Ci-dessous, un montage photo entre cette carte et une vue actuelle. Au n°3 de la Rue du Dr Pozzi, à l’emplacement du mur « Défense d’afficher », une maison a été construite.
Une maison en pierres meulières a remplacée celle détruite au n°5.

(3 commentaires)

  1. Bonjour,
    La vue de la maison éventrée par un gros obus est spectaculaire. Pour cette raison, d’autres photographes ont pris heureusement un cliché.
    NB En raison peut-être de la censure militaire, le lieu n’est pas précisé au début de la guerre afin de ne pas renseigner l’ennemi sur les dégâts. Bien que plus tard des cartes postales mentionnent le lieu de prise de vue.
    Sur la première photo, avant de lire tout l’article, j’ai relevé le n° 5 de la maison endommagée. Les maisons de style bourgeois font penser en effet au centre-ville de Reims.
    L’identification du lieu est précieuse et très intéressante. Merci à l’auteur.
    L’Annuaire Matot-Braine des 500.000 adresses (édition 1909-1910) nous apprend qu’au n° 5 rue de Charleville demeurait M. Masson, ancien fabriquant.
    Le recensement de 1910 (2e canton), précise : Jules Masson (né à Lavannes en 1841) et son épouse Pauline [Jacquemart] (née en 1852 à Reims) ainsi que deux domestiques (Suzanne Lutz, luxembourgeoise de 32 ans et Lucien Rapp, originaire de Lunéville, âgé de 22 ans). Jules Masson, grand-père de Jean Masson-Heidsieck, était probablement fabriquant de tissus.
    J’ajoute qu’au n° 7 habitait mon grand oncle Lucien de Tassigny, fabriquant de bouchons, et sa famille.
    Ainsi, d’une photo, on peut faire revivre ses occupants … avec l’aide d’autres documents.
    Paul Cabanis

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