Le boulevard Lundy, le temple et l’Hôtel particulier Mignot

Seul l’Hôtel particulier Mignot construit en 1908, est encore là, bien restauré, le temple est complètement démoli.

Dans la Vie Rémoise on peut lire concernant cette magnifique maison :

« Dans ses mémoires, Charles Théron (1878-1959), administrateur des Docks Rémois, nous conte que lors d’une réception à la suite de son emménagement, en 1909, dans l’hôtel particulier du 3, place Godinot, ses collègues administrateurs furent un peu étonnés du confort, non pas luxueux, ce serait exagéré dit-il, mais bourgeois, et que piqués dans leur amour propre – alors qu’il n’avait pas cherché à les éclipser, affirme-t-il – ils firent construire : Messieurs François et Pigeon sur le boulevard Lundy. Monsieur Mignot, ne voulant pas faire figure de concurrent pauvre, construisit lui aussi un très somptueux hôtel sur le même boulevard, que les Rémois appelèrent l’avenue des épiciers…

… Nous sommes en présence d’une riche demeure, construite avec sobriété dans un style Louis XVI modernisé. De l’hôtel Radière, Édouard Mignot avait une vue directe sur l’hôtel Werlé, la plus somptueuse demeure du boulevard. Son architecte s’en est-il inspiré ? c’est fort possible, car on y retrouve quelques similitudes…

Édouard Mignot choisit un architecte parisien, qui signera F.A.B. Bocage, et qui avait déjà signé le bel immeuble cossu de ses beaux-parents, où se réfugièrent Mme Mignot et ses enfants, en décembre 1914, au 4, chaussée de la Muette, dans le 16e arrondissement[18]. Selon René Druart, il était architecte DPLG à Paris et y était né en 1889. S’agit-il d’Adolphe Bocage, qui fut, comme Auguste Perret, l’élève de Jules Guadet à l’École des Beaux-Arts de Paris. Celui-ci est passé à la postérité pour un immeuble construit en 1908 au 9, rue de Hanovre à Paris 2e. Il s’agit d’un bâtiment commercial en béton décoré de grès d’inspiration marine, d’un style résolument différent de celui de l’hôtel Mignot. Mais pourquoi pas ? d’autres exemples nous sont connus.

Construite à proximité du Temple, sur une grande parcelle libérée par l’entreprise de roulage Delarsille-Fassin, la maison a pour voisin de droite le ravissant hôtel occupé à l’époque par les Hourblin. Il fut précédemment la résidence des Warnier-David et antérieurement celle des Kunkelmann. Le jardin en terrasse de cet hôtel, qui surplombait le boulevard Lundy, a été sacrifié et rentabilisé, en 1997…
…Notre hôtel présente donc quatre façades, élevées en pierre de taille, d’un appareillage très soigné, et comporte 5 niveaux. Un premier étage, élevé sur rez-de-chaussée réservé au service, s’éclaire par de grandes baies en plein cintre, à balustres de pierre, ornées de trophées champêtres. Les fenêtres du second étage, moins hautes, sont encadrées de moulures et ont des garde-corps en ferronnerie du plus pur style Louis XVI. La toiture à terrasson de zinc offre de très importants brisis d’ardoise, semblables à ceux de l’hôtel Werlé. Des lucarnes en pierre, dont certaines sont encadrées de cheminées monumentales, éclairent l’étage mansardé. Une série d’œils-de-bœuf en zinc, ou en plomb, ornés de guirlandes, surplombent les lucarnes. Sur la droite de la façade, à l’alignement du boulevard, est accolé un chartil donnant accès aux appartements par une belle porte cochère, en plein cintre, orné de guirlandes elles-mêmes surmontées de postes à hauteur d’un toit-terrasse. L’imposte, de la porte en chêne naturel, est sculptée de pots-à-feu fumants. Ce chartil s’ouvre sur le jardin par une élégante grille en fer forgé, vitrée, ornée du monogramme M dans son imposte. Il donne accès au grand escalier d’honneur, à double révolution, en marbre blanc, et à l’ascenseur capitonné de velours cramoisi. La façade Sud, qui peut-être considérée comme la principale, offre deux avant-corps encadrant une large baie éclairant le bureau-bibliothèque revêtu de boiseries de hauteur en chêne sculpté. La façade vers la rue Andrieux comporte un hémicycle surmonté d’un dôme engagé. Un accès au jardin, dans l’axe du chartil, se fait par une grille au n° 14 de cette rue…. »

Source : Jean-Yves Sureau dans la Vie Rémoise

 

Boulevard Lundy

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