Les salons Degermann, rue Buirette

Le 13 novembre 1900, un établissement tout neuf ouvre ses portes au 35 de la rue Buirette : les Salons Degermann. La rue « Large », tel était jusqu’en 1873 le nom de cette voie perpendiculaire à la place Drouet d’Erlon, qui quant à elle avait été connue des rémois comme place de « la Couture » jusqu’en 1850.
Ces deux voies avaient été établies sur des terres cultivées (Couture = culture), à l’extérieur des remparts en 1183 pour recevoir les métiers devenus trop gênants ou trop encombrants au centre-ville : charrons, tonneliers, charpentiers… La foire de Pâques se tiendra également sur ces espaces jusqu’à la guerre de 1914-1918. Dès le XVII0 siècle, la rue est déjà sous le signe des plaisirs : le tripot de la Fleur de Lys se trouve à proximité du jardin des arbalétriers. En 1756, une salle de théâtre s’y installe sous la direction du sieur Régnault. Très incommode, notamment l’hiver, elle sera concurrencée par un théâtre bâti vingt ans plus tard rue de la Vieille Couture (aujourd’hui rue de Talleyrand). Au XIX° siècle, la rue Buirette accueille plu­sieurs salles de spectacles dont les salons Besnard où se tiennent des bals masqués : ces salons ont été fondés par Olympe Besnard qui arrive à Reims en 1825 pour travailler à la décoration de l’intérieur de la cathédrale pour le sacre de Charles X. Il deviendra machiniste au Théâtre de la rue de Talleyrand jusqu’en 1837. C’est alors qu’il construit et exploite sa salle jusqu’à son dé­cès en 1866. Son fils Victor lui succédera. Les jardins Besnard qui accueillaient des concerts ou des bals en plein air avaient été créés par les mêmes en 1857 sur le boulevard du Temple (aujourd’hui boulevard Lundy). En 1892, Eugène Degermann né en 1862 à Barr en Alsace encore française au moment de sa naissance, arrive à Reims comme traiteur. Comme il ne dispose pas de salle, il s’arrange avec Victor Besnard qui en possède une et est alors capitaine des pompiers de Reims.
Mais l’entente ne se faisant pas, Degermann rachète fi­nalement l’établissement et le démolit début 1900.  Eugène Degermann fait appel à Charles Boesch, architecte rémois né le 1er juin 1861. A Reims même il réalise les nouvelles caves du champagne G.H. Mumm, la réfection et la surélé­vation de l’Hôtel Particulier de la famille de Polignac et la galerie de tableaux de M. Henry Vasnier qui sera plus tard offerte à la Ville de Reims.
Alsacien, comme son client, le sculpteur Charles Wary va exécuter toute la décoration du bâtiment. Charles Wary sera le « décorateur » de la fontaine Subé inaugurée six ans plus tard à proximité des Salons. L’établissement ouvre ses portes et ses salons d’un style plus néo Louis XV que vraiment Art Nouveau.

Extrait d’un article d’Olivier RIGAUD (1947-2013) paru dans le bulletin d’Amicarte 51 No 24, 2e trimestre 1995, p. 35.

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