17 septembre : Les enfants rencontrent deux soldats américains Noirs, ils parlent avec eux, il est convenu qu’ils viendront le soir à la Cossonnière.
Maurice Houlon
Cette journée qui doit être la grande journée de fête de la libération de notre coinde terre a commencé sous le signe de la haine. Au réveil, plusieurs habitants eurent la désagréable surprise de voir peintes sur leur seuil ou leurs murs de grosses croix gammées, ou les lettres M. N. signifiant marché noir. Parfois ces lettres étaient suivies d’un point d’interrogation laissant à ces « accusés » d’un nouveau genre, le bénéfice du doute.
Tout cela, dessiné au goudron et presque indélébile fut immédiatement effacé par tous les moyens : peinture, ou enlèvement radical du crépi du mur. Mais les langues allèrent leur train et les soupçons aussi qui risquent, vu l’excitation générale, de tomber à faux.
Nouvelle surenchère de fiel de bile ! Et vomissement du pus qui empoisonne en ce moment toute la France. Car, la même chose a été faite à la Chapelle, dans divers endroits et n’est point réservée sans doute à la région ! Que pourrait-on bien encore trouver pour jeter les gens les uns contre les autres ?
N’aurait-on pourtant pu espérer que, l’ennemi parti, on allait faire cesser les causes de discorde
— Berthe Brunessaux
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Pendant cette période de la Libération de Reims, nous allons publier, au jour le jour, des extraits du journal de Maurice Houlon (1881 – 1966) de Berthe Brunessaux (1887-1963) et les notes d’Henri Druart : lire la présentation de Berthe Brunessaux et Maurice Houlon