17 août : Les camions allemands défilent à grande allure bondés de malles, valises, caisses en tous genres, Les américains libèrent Orléans puis Chartes, Dreux. De fréquentes pannes d’électricité nous privent de nouvelles par radio. Des avions alliés mitraillent les camions sur la route sans distinction.
-Maurice Houlon
Je profite de deux pages blanches oubliées dans mon cahier pour noter, par curiosité, quelques-uns uns de ces fameux messages personnels radiodiffusés par Londres et qui, paraît-il, sont des instructions très importantes pour ceux de la résistance, Il sera curieux de les traduire si, après la guerre, la clef en est révélée.
- Charly embrasse Madame Antoine deux fois.
- Vaudel nage 25 fois dans le lac ce soir vers 23 h 10.
- Éclairez bien, n’oubliez pas la lettre Pierre, prévenez nos amis.
- De Pélican à la Tortue : 14 amis viendront ce soir manger de la carotte.
- Le bocage est en feu
- L’oiseau séduira le paysan
- 3 amis se rendront au rendez-vous indiqué par vous ce soir avec 3 voitures.
- La cocarde de Mimi Pinson sera prête ce soir.
- Théodore cherche des allumettes. 4 fois.
- Le papillon s’est envolé.
- Il est muré comme un cadavre.
- Ali-Baba était un chevalier.
- St Linéri fonde Naples (message très souvent entendu !)
- La vertu réduit à tous les yeux.
- Il nage comme un fer à repasser.
- La danseuse nue se déshabillera.
- De la chouette au merle blanc : la danseuse nue se déshabillera ce soir.
- Le jockey a un maillot rayé.
- L’orvet est lisse.
- Ceci est mon testament.
- Notre espoir est en vous deux fois. Nous disons notre espoir est en vous deux fois.
- Ça pousse mais ça ne grandit pas.
- Deux amis vous visiteront ce soir pour voir si ça pousse.
- La course en taxi coûtait 5 francs, 2 fois.
Très souvent, ces messages sont ainsi complétés d’un chiffre, 2 fois, 3 fois, 5 fois et appuyés des mots nous « disons » avant d’être répétés.
Il y a aussi des messages uniquement formés de prénoms comme lorsqu’on lit une dépêche au téléphone : Édouard, David, etc. stop etc. Pour les amateurs curieux de déchiffrage, je note un de ces messages :
David, Édouard , Jean, Pierre, Simone, Louis, Pierre, Quasimodo, Yvonne, Édouard, André, Pierre, Henri, Victor, Raoul, Zéphirin.
Je ne note plus que les initiales des prénoms déjà cités :
A. Bernard, L. Urbain, U. J. S. Q. Xavier, Octave, Kleber, Nicolas, V. J. J. François. R. E. William, Marcel, H, U, D (?) N. L. Georges. V. B. D. C. M. C. Théodore. Et ici le speaker se reprit en disant : Je reprends le dernier mot : D. E. I. P. S.
Naturellement nous n’y comprenons absolument rien et je ne note que par curiosité !
Berthe Brunessaux
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Pendant cette période de la Libération de Reims, nous allons publier, au jour le jour, des extraits du journal de Maurice Houlon (1881 – 1966) et de Berthe Brunessaux (1887-1963) : lire la présentation de Berthe Brunessaux et Maurice Houlon